Une nouvelle fantastique

« Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. » Todorov, Introduction à la littérature fantastique

Ouverture

Quelqu’un est rentré en possession d’un tableau. Il l’a acheté ou bien on lui a offert, donné. Imaginer ce tableau. Qu’est-ce qu’il représente, les couleurs, quelle impression fait-il. Est-ce un grand ou un petit format.

Ecrire les conditions réelles de l’achat ou du don ; comment on le transporte chez soi, où le mettre ? On est dans le quotidien? S'attacher à décrire les conditions les plus réelles, normales.

Soudain la réalité se détraque, un événement étrange va survenir : l’œuvre ne reste pas à sa place d’objet, influence la vie de son propriétaire, le tableau lui-même change ou bien les personnages peints sortent du tableau.

"La photographie
Cette photographie-là, soigneusement collée sur du contre-plaqué, envahissait tout un mur et elle représentait un lac, d'ailleurs assez banal, pas tellement pittoresque en fin de compte. Sur le lac, on voyait une barque, perdue au loin, minuscule. L'homme mit longtemps à se rendre à l'évidence: la barque, de semaine en semaine, grandissait. C'est ainsi. Inexorablement, se déplaçant dans un espace-temps impossible à définir, la barque grandissait parce qu'elle avançait sur le lac, venant de quelque rivage lointain, se dirigeant vers le bord extérieur de la photo. Un jour, l'homme put distinguer qu'il y avait deux personnages dans la barque. L'un ramait, l'autre attendait. Et, un mois plus tard, il put discerner d'autres détails. Celui qui ramait avait les bras nus, ce qui ne surprenait guère. Mais celui qui attendait, celui-là semblait regarder avec insistance vers la chambre et, sur ses genoux, il y avait un fusil dont le canon également regardait la chambre."
In: J. Sternberg, Contes glacés, éd. Marabout '74 p.12

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